Economie Haïtienne: entre dollarisation et dédollarisation, quelles perspectives?


Economie Haïtienne: entre dollarisation et dédollarisation, quelles perspectives?

 Dans une circulaire publiée en date du 19 juin 2020, la Banque de la République d’Haïti (BRH) informe la population Haïtienne que « désormais, les transferts venant de la diaspora ne seront reçus en dollar américain que si le bénéficiaire a à sa disposition un compte en banque en dollar, dans le cas contraire il aura son argent en monnaie nationale ».

 Depuis la publication de cette nouvelle mesure, les réactions se font entendre de partout tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux. A en croire les propos du Gouverneur de la BRH, Monsieur Jean Baden Dubois, cette mesure vise à stabiliser la monnaie nationale, alors que l’opinion publique y voit une sorte de stratégie visant à marginaliser davantage les plus démunis au profit des grandes banques commerciales.  Se référant aux données relevées sur les profits que tirent ces dernières de l'achat et de la vente de dollar (81,041,401.85 gourdes sur la période allant du 1er juin au 5 juin 2020/8 banques) l’on pourrait se demander si de telles stratégies ne seraient pas ambitieuses surtout à ce moment où les populations sont obligées de rester à la maison…

 D'un autre côté, une catégorie voit cette mesure comme étant un excellent petit plat mais servi dans de mauvaises conditions ; c'est le cas du Docteur Eddy Labossière. Cette démarche visant à réduire la circulation du dollar sur le territoire nationale, nous apparaît comme étant une tentative de dédollarisation de l'économie (particulièrement le commerce) qui selon l'économiste Enomy Germain, dans une entrevue accordée au média en ligne Juno7, « est le meilleur moyen de stabiliser le taux de change ». Compte tenu de la définition du terme qui se traduit par « la diminution partielle ou totale de l'utilisation par un pays donné de la monnaie d'un autre pays (le dollar en particulier) et de son objectif principal qui est de permettre à la monnaie nationale de reprendre progressivement ses fonctions traditionnelles », on se demande si vraiment la BRH va aboutir au terme de sa démarche Sinon, il aurait fallu penser aux préalables.

 Par ailleurs, une politique de dédollarisation nécessite des conditions de base en vue de son application. Elle ne saurait être possible avec l’instabilité économique. Pour éviter celle-ci, l’Etat doit pouvoir mettre en œuvre une politique publique en vue de propulser la production nationale et réduire du coup les importations, ce qui aurait également pour effet de stopper l'inflation galopante que subit notre économie depuis un certain temps.

Cela doit nécessairement passer par le contrôle de l’offre et de la demande de la monnaie sur le territoire. Car, avec les cambistes et les maisons de change qui fixent leur propre taux de change,  le maintien de la stabilité du taux ne devient plus difficile à assurer par la BRH.

Parallèlement, Compte tenu de la conjoncture actuelle - insécurité, corruption, troubles sociaux, instabilité politique…-, le pays n'est pas prêt à  accueillir les Investissements Directs Etrangers (IDE). De plus, les événements précédents dans le pays, notamment le phénomène « Peyi Lock » a contribué  à aggraver l’état de l’économie haïtienne. La gourde ne fait que se déprécier d'avantage par rapport au dollar. On est encore loin d'une démarche de dédollarisation. On se demande si un jour on y arrivera ou alors s'il ne faudrait pas de préférence s’orienter dans l'autre sens vers une démarche de dollarisation et tirer les avantages que cela apportera dans le commerce internationale malgré ce que cela implique.
Puisqu'il n'y a que la BRH qui détient l'autorité sur notre politique économique, il n'est que d'attendre.


Frantzcia DENIS
Etudiante en sciences économiques/ FDSE

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