L'aide étrangère en Haïti : entre gaspillage et Sous-développement


L'aide étrangère en Haïti : entre gaspillage et Sous-développement

Si les programmes d'aide au développement sont couronnés de succès dans plusieurs pays du continent africain et de l’Asie comme le Rwanda,  la Côte d’ivoire, le Mozambique, l'Ouganda, la Corée du sud et le Taïwan.

Si le plan de Georges Marshal a connu un succès remarquable après la Deuxième guerre mondiale en Europe. S’il a permet à ces pays d'accélérer leur croissance économique et aux dirigeants politiques éclairés et visionnaires de ces pays, de réduire le niveau de pauvreté à travers de grands projets de développement dans plusieurs domaines comme la coopération technique, prêts et investissements, l’éducation, les infrastructures sanitaires, routières et autres.

De notre côté en Haïti, c’est différent. Le bilan se traduit par un échec cuisant de l’Aide reçue.  Qu’il s’agisse l’Aide Publique au Développement (APD) provenant des institutions financières et monétaires dans le cadre des accords multilatéraux et certains pays dans le cadre des accords bilatéraux, que ce soit les assistances volontaires privées provenant des ONG, des fondations, des artistes et autres. On a presque l’impression que l’aide étrangère ne fait que renforcer le développement du sous-développement dans le pays. Ajouté  à cela,  nos dirigeants incompétents et malhonnêtes au niveau de l'État y trouvent une  bonne porte pour s'enrichir. Au lieu d'aider le pays à sortir de cette catégorie dite Pays Moins Avancés (PMA), on voit, au sens de Milton Friedman que « l’aide ne faisait que renforcer et élargir les pouvoirs centraux, et de ce fait, faisait plus de mal que de bien ».

En effet,« l'aide étrangère est le processus par lequel les pauvres des pays riches subventionnent les riches des pays pauvres,elle se limite à enrichir des élites économiques et politiques des pays bénéficiaires », soutient , l’éminent économiste Peter Thomas Bauer, montrant les enjeux liés à cette aide dans le processus du développement. Cette réflexion de l’économiste cadre avec notre réalité dont le témoignage le plus probant est le scandale dans 4, 2 milliards  l’Affaire Petrocaribe. Les conséquences sont claires et ont abouti à confectionner, au cours de cette dernière décennie, de nouveaux riches de l'élite politique et du secteur privé des affaires grâce aux fonds vilipendés du Petro et ceux du fameux CIRH. Une somme de richesses accumulée dans la corruption et renforçant la dette déjà lourde qu’on n’arrive même pas à supprimer. La dette en soi est  loin d’être le problème, c’est plutôt ce qui l’a engendrée qu’il faut voir. Cela nous fait citer Paul Krugman-prix Nobel américain-  qui pense que : « mieux vaut s'endetter pour payer des choses utiles ».

L’expression « des choses utiles » , tenant compte de l’état actuel des choses en Haïti, pourrait se traduire par une série d e problèmes urgents à résoudre notamment, la réduction de la pauvreté, l’amélioration de notre système de santé(construction des hôpitaux, équipements médicaux renforcés, réajustement salarial pour nos agents de santé ,formation de bonne qualité pour nos médecins et nos infirmières et les autres agents de santé), la réforme de notre système éducatif et un ensemble d’autres politiques publiques à mettre en place.

Pourtant de 2010 à nos jours, l’aide étrangère a afflué en Haïti alors que des politiques publiques ne sont pas priorisées. -Les fonds petro caribe uniquement s'élevaient  à 2,2 milliards de dollars américains si on enlève les 2,0 milliards au total qu’on devrait payer au comptant après chaque livraison, ajoutés des fonds du CIRH 6,04 milliards (2,41 milliards pour les efforts humanitaires et 3,63 milliards pour la reconstruction nationale-. ces données chiffrées pour rappeler que le pays le plus pauvre de l’hémisphère Nord depuis pas mal de temps, a bénéficié plus de 8,24 milliards de dollars sur ces dix dernières années incluant d’autres dons et appuis budgétaires. Mais, il s’agit aussi d’un mauvais calcul de la part de nos autorités. Ce petit exemple peut l’illustrer : Le Campus universitaire du Roi Henry Christophe de limonade dans le département du nord d'Haïti coûte environ cinquante millions (50 000 000) de dollars américains. C’était un don du gouvernement dominicain à Haïti, sur une superficie d'environ 30 hectares de terre. Cela signifie qu'avec les 8,4 milliards de dollars d’aide, on pouvait construire une dizaine de campus universitaires à travers le pays à raison d'un campus par département ce qui pourrait nous coûter au total 500 millions de dollars soit 6% du montant environ.

Joseph Stiglitz et Jeffrey Sachs nous font croire qu «  même si l'aide n'a pas toujours été efficace, elle a joué un rôle stratégique dans la croissance économique et la lutte contre la pauvreté ». En d’autres termes, on pourrait éviter le pire grâce aux aides internationales. Par contre, en Haïti, de 2010 à nos jours, malgré l’affluence de l’APD, le développent économique et social affiche un bilan piètres et désastreux. Des taux de croissance économique de 5% du PIB en 2010-2011 et 1,7% en 2014-2015, soit une baisse de 3.8% du PIB entre 2010 et 2015,  on a connu en 2015 -2016 et 2016-2017  des taux de croissance respectivement de 1.5% du PIB et 1.2% du PIB. À rappeler que le dernier taux en date était négatif, soit -0,4%. La gourde de son côté, n’a pas cessé pas de déprécier par rapport au dollar américain au cours de cette période, soit 40 Gourdes pour un dollar le 30 septembre 2011 et 98 gourdes pour un dollar le 9 avril 2020.

Avec la pandémie, affectant  l’économie mondiale, on ne peut pas s’attendre à un renversement de la  situation au cours de cette année. Dans ce cas, on pourrait parler de l’état léthargique de la croissance économique d'Haïti malgré l’aide et les assistances étrangères.

Voilà la situation d’aujourd’hui et ça ne semble ébranler personne encore moins l'équipe dirigeante. Celle-ci, alimentant la disparition progressive de la classe moyenne haïtienne bloque l’accès à une croissance  économique soutenue et auto entretenue. En résulte comme résultat une classe moyenne « décapitalisée » ?, désorientée, sans secours, ne pouvant pas investir puisqu’elle n’a pas les moyens.

En fin de compte, il est clair qu’on doit s’engager  dans la bataille contre la corruption et le détournement de fonds pour sauver le pays !!! !!!


Pierre JOSEPH
Étudiant en Rlations internationales/INAGHEI
Coordonnateur  ECO-max (Économie au maximum)




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