Nos héroïnes à l’ombre
de la gloire de nos héros…
Pourtant,
elles ne constituent que de vagues souvenirs ne servant justement qu’à embellir
des pages d’histoire écrites le plus souvent à la connaissance de nos héros. En
effet, notre patrimoine national est en manque de ces dames. Leurs âmes en
souffrent. Les souvenirs que nous avons acquis sont trop peu et le modèle
qu’elles voulaient projeter mal appris. Elles ont perdu l’essence de leur
combat. Dans la mémoire collective nationale, on en a songé que très
modestement. Pourquoi ne seraient-elles pas représentées en effigie dans un de
nos lieux publics ? Pourquoi ne seraient-elles pas encore l’objet d’étude de la
science historique, sociologique ou tout autre ? Pourquoi ne seraient-elles pas
suffisamment enseignées afin de servir de modèle à la femme haïtienne actuelle
et même au mouvement féministe haïtien ?
Plusieurs
problèmes se posent. Partant de la nature sociopolitique qui perdure dans les
sociétés et de laquelle Haïti ne fit pas exception, on peut tenter de
comprendre comment cela a favorisé la mise à l’écart de nos héroïnes. En effet,
le patriarcat a toujours constitué le phénomène de la priorité masculine au
détriment de la valorisation féminine. Les hommes d’abord.
Depuis
la formation de cet État, la domination a toujours été l’affaire des hommes,
les Haïtiennes étaient souvent reléguées au second rang. Il fallait attendre
plus d’un siècle pour que les femmes commencent à occuper les fonctions
publiques. Elles n’avaient pas le droit au scrutin au premier moment de
l’instauration de la démocratie. Et même après avoir été au plus haut poste, on
sentait encore les réticences. Ce système sexiste et suprémaciste ne fut pas
sans précédent. Il fait partie des patrimoines immatériels transmis de
génération en génération datant depuis l’époque coloniale esclavagiste. La
femme du maître était le plus souvent dans l’ombre de ce dernier comme ce fut
plus tard le cas avec les soldats de l’armée indigène. On parle plutôt souvent
de maître que de maîtresse, comme ce serait le cas des héros plutôt que des
héroïnes. Ceci fait, il conduira nos archives et nos mémoires dans une
orientation sexiste à la seule gloire de nos ancêtres hommes.
Quelques-uns
parlant des disciples féminins de Mackandal qui lui facilitaient la tâche
d’empoisonnement. En effet, ces dernières ont seulement servi à enjoliver
l’histoire de ces hommes, piquant le sens et donnant l’essence à leur
réalisation. L’on ne sait si ces dernières n’ont pas laissé de témoignages ou à
défaut des témoins ou peut-être qu’elles sont malheureusement parties sans
trace. Ce qui rendrait difficile toute étude. On ne sait également si nos
artéfacts datant de cette période ont été objet des hommes. Ce qui serait une
raison pour nos archéologues de ne pas pouvoir tenter des études du côté du
genre opposé. Si ceux-ci parviennent à être vérifiés, la transcription dans les
pages ou du moins la considération comme sujet d’étude se révélerait très
difficile.
Malheureusement
nos féministes n’ont pas encore réussi à porter de véritables solutions à ce
problème. Elles ont tenté de les faire revivre à travers leurs identifications…
comme en attribuant leurs noms à des mouvements ou à des groupes
sociopolitiques. Cependant cela ne suffit pas. Il faudrait toute une campagne
de rééducation dans notre société, plus particulièrement de nos filles et de
nos femmes, suivant laquelle elles pourraient s’identifier à travers nos
héroïnes qui leur serviraient de modèle. Le dicton « Qui se ressemble s’assemble »
pourrait trouver sa place. Il est temps que nos femmes se regardent à travers
les mères de cette nation. Il est temps qu’elles combattent à leur manière la
passivité, le manque d’estime de soi et qu’elles mettent au service de cette
nation leurs savoir-faire comme l’ont fait nos ancêtres femmes. Aujourd’hui
encore nos mémoires autant que notre pays en souffrent de leurs héritages. Nous
avons besoin de la régénérescence de ces dernières, nous avons besoin de faire
revivre leur courage en nos filles et nos femmes. Si elles ont su braver les
barrières qui leur étaient imposées, si elles ont su combattre au rang des
hommes, pourquoi ne pas nous imprégner de cette même ardeur, de ce même courage afin de porter notre juste contribution aux urgences de notre nation.
Evdjina
MAGOFFIE
Étudiante
en 3ème année/ Département d’Histoire
IERAH
̸ ISERSS
Université
d’État d’Haïti
magoffieevdjina17@gmail.com
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