RASSEMENBLEMENT-
ORGANISATION- LUTTE
«Sous le regard de la prêtresse Cécile
Fatiman, une Mulâtresse aux yeux verts et à la longue chevelure noire et
soyeuse, tous s’asseyent en formant un grand cercle …
Ils
firent tous le serment de périr plutôt que de retourner en esclavage,
écrit Civique de Gastines… et ils sacrifièrent à la mémoire d’Ogé un bélier
tout noir…
Ils
allaient se retirer, lorsqu’un oiseau de la grosseur d’un pigeon tomba raide
mort de la cime des arbres au milieu de l’assemblée. Cet événement fut
considéré pour leur sacrificateur comme un augure favorable et leur prêtre
l’ayant purifié, en remit une plume à chacun en leur assurant qu’ils seraient
invulnérables tant qu’ils la porteraient sur eux … »
Ainsi
Lilian Thuram rapporte-t-il, dans Mes étoiles noires, la
cérémonie probablement la plus mythique de toute notre grande et douloureuse
histoire de peuple, dans l’introduction du chapitre qu’il consacre à Toussaint
Louverture. Est-ce le déroulement fidèle de la cérémonie ? Fut-ce un bélier ou
un cochon comme le relatent d’autres historiens ? Ou même fut-ce vraiment un
animal animal ou encore l’un des leurs traités à l’époque comme moins
qu’un animal? Y avait-il vraiment un oiseau dont les plumes étaient censées les
rendre immortels ? Nous n’en savons rien. Et osons même nous en foutre. L’heure
n’est pas à ces débats sur la forme de Bois Caïman mais à des réflexions sur le
fond de ce congrès qui a précédé d’une semaine la grande insurrection de la
nuit du 22 août 1791, initiant une longue guerre d’indépendance, la plus grande
révolte servile de l’histoire et aussi la seule qui ait réussi, accouchant de
la première République noire du monde au bout de 12 années de lutte et mettant
fin à trois siècles de déshumanisation.
Quelle
que soit la couleur que prend la narration des faits, il y a toujours une
constante qui résiste; C’est le rassemblement
. Au mépris de leurs
provenances africaines différentes, Aradas, Mines, Congos, Tacouas, Nagos,
Ibos, Haoussas, Cotocolis, Bambaras… ont su se mettre ensemble. Ils ont été
assez intelligents pour comprendre que le code Noir ne faisait aucune
discrimination entre esclaves et qu’ils étaient tous équivalents aux yeux de
l’oppresseur qui les voyait tous comme des choses dépossédées de tout droit,
leur coupait la jambe, la langue et les oreilles, leur retranchait leurs
parties naturelles, les donnait à manger aux chiens, les enterrait et les
brulait vifs, les pendait et les noyait, les violait, les rouait de coups … de
manière égale. Ils ont dépassé ce qui les différenciait pour embrasser ce qui
les unissait ; la soif de la liberté, pas celle d’
une mais de la liberté
; celle du genre humain, sans distinction de race, de couleur et de sexe. Au
lieu de se laisser diviser par leur sum (je suis), ils les ont au
contraire multipliés et le sumus (nous sommes) qui en est résulté
a changé l’ordre.
Un
autre aspect plus subtil et non moins important qu’il faut saisir dans leur
démarche est son articulation non pas autour de notions négatives de lutte
contre ceci, contre cela qui sont toujours stériles et épuisantes, mais plutôt
autour d’idées positives de lutte pour quelque chose ; pour la liberté, pour
l’indépendance, pour l’égalité, pour la vie, pour l’autodétermination …
concentrant ainsi toutes leurs ressources sur l’idéal poursuivi. Ceci est
fondamental pour l’efficacité de la lutte. Ils ne
se sont pas contentés de dire
qu’ils ne voulaient plus de telle ou telle condition ; ils ont voulu la
changer, ils se sont organisés pour le faire et ils l’ont fait.
Voilà
ce qu’il nous faut faire aujourd’hui.
1-
Nous
rassembler parce qu’autrement nous serons facilement neutralisables, et
donc faibles. Le sum n’empêche pas le sumus.
2-
nous
organiser autour d’un complot qui sera le ciment assurant notre cohésion
3-
et
finalement engager la lutte pour ce que nous voulons car, comme l’a dit
l’ainé, seule la lutte libère.
Sébastien VOLCY
L’union fait la force.
SVM SVMVS
https://www.herodote.net/22_aout_1791-evenement-17910822.php
https://www.ghcaraibe.org/debien/NHC210bis-htm.htm
✊
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