Notre réflexion sur la création de l’Agence Nationale d'Intelligence (ANI)
Port-au-Prince,
le 23 décembre 2020
La création de l’Agence Nationale d'Intelligence (ANI) par décret du 26 novembre 2020, constitue un acte de répression, de représailles et de dissuasion à toute éventuelle mobilisation populaire contre le gouvernement de Jovenel Moïse.
Dans
l’arène politique haïtienne les événements se suivent et se précipitent. Avant
qu’on prenne le temps de comprendre une situation elle disparait pour laisser
place à une autre encore plus incompréhensible. Peu après son installation en
tant que président de la République d’Haïti, Jovenel Moise se voit dans
l’obligation d’embrasser une tâche qui n’était pas la sienne ; réfléchir
continuellement aux assauts de l’opposition politique composée d’hommes et de
femmes avides de pouvoir. Ces derniers ne voulant toujours pas digérer son
élection au pouvoir, lancent incessamment des mouvements de mobilisations
populaires en vue de le destituer. Ce qui alimente la situation de crise
politique mettant davantage en péril le destin du peuple haïtien.
Vaines
tentatives, dirait-on puisque depuis les événements des 6, 7 et 8 juillet 2018,
passant par les fameux événements du « Pays lock » de 2019, l’on ne
trouve toujours pas encore les mécanismes pouvant expliquer la présence du président
au pouvoir aujourd’hui. Si certains s’appuient sur la thèse du support de l’international duquel bénéficie
le président, d’autres croient que le pouvoir en place dispose de plus de
stratégies que l’opposition politique et cest ce qui lui permet de demeurer jusqu’à
date.
Ne
sachant plus à quel saint se vouer et après avoir essuyé tous les
recours : les émeutes de 6, 7 et 8 juillet, le lockdown susmentionnés, les
récurrentes manifestations populaires et autres, exigeant sans conditions
aucune le départ ordonne du locataire du Palais national, l’opposition
politique, désormais, s’attaque au mandat du président élu, avec pour
alternative, une transition pouvant mener la barque nationale vers de nouvelles
élections.
En
dépit de tout, le président semble faire la sourde oreille et entame une série d’actions
controversées pour la plupart, notamment, la création de l’Agence Nationale d'Intelligence (ANI).
Il
faut rappeler que depuis le constat de la caducité du parlement constaté en
début d’année, soit le deuxième lundi de janvier 2020, le Président ne dirige
le pays que par décrets « surprenants ». Il suffit de se referer au
journal « Le moniteur » pour constater les dégâts. D’un conseil
électoral provisoire passant par une commission indépendante pour
l’organisation des élections ou pour autre chose avant d’arriver à l’ANI, les
préoccupations sont donc majeures.
Car
à bien lire les articles insérés dans le décret portant sa création, on réalise
qu’il y a de quoi s’inquiéter. Sa création consiste en un acte de répression,
de représailles et de dissuasion à toute éventuelle mobilisation populaire ou à
tout acte de terrorisme, relève-t-on dans ses prescrits, et dérives sectaires
portant atteinte à la sûreté de l’Etat, à l’intégrité du territoire ou à la
permanence des institutions de la République…
Cette
agence nourrit la prétention de délégation de pouvoir de manière illimitée aux
agents qui la composent. Ils n’ont de compte à rendre à personne sinon qu’au
chef de l’Etat lui-même. Les articles 43, 44, 48, 49, 53, 55, 62, 67, 68 et 73
constituent entre autres, un témoignage vivant aux pouvoirs non-stop consacrés.
Il
est clair que l’absence de séparation de pouvoirs lui confère plus de pouvoir
et de marges de manœuvre qu’il n’a jamais eus. Par conséquent, on est obligé de
remettre en question la base démocratique sur laquelle Haïti tente depuis une
trentaine d’années de se revendiquer. Cela constitue, à notre humble avis, une
entrave au régime démocratique instauré dans le pays depuis les années 1986. De
là étant, on se demande quelles sont les vraies intentions de Jovenel
Moïse ? N’est-on pas en train de revenir à l’ancienne où les régimes
totalitaires faisaient leur chimérique empire au détriment d’un peuple qui
patauge dans son sort ? Et puisqu’on va de décret en décret, quel en sera
le prochain et de quoi s’agira-til cette fois ?
A
l’Horizon du 7 février 2021, les inquiétudes et les incertitudes s’accumulent.
La vie politique haïtienne en plus d’être décriée n’est pas équilibrée et cela
s’annonce effroyable. En tant que citoyen responsable et jeune volontaire pour
une société convergée vers le développement, nous revendiquons un accord
politique de bonne foi, afin d’éviter le chaos et un bain de sang aucunement
bénéfique pour le pays et pour l’avenir de ses fils. Car, nous rêvons d’un pays
où il fait bon de vivre, où tout le monde peut s’assoir autour d’une seule et
même table pour discuter et trouver des solutions à tous les maux dont souffre
notre société.
E
pou sa fò nou Pare !
Clashisky
D. LAROSE,
Etudiant
en Administration Publique à l’INAGHIE,
Relations
internationales/ CEDI
duckenslarose45@gmail.com
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