Quel Etat
dirige Jovenel MOISE?

On a d’abord la doctrine réaliste ou
conservatrice soutenant que la construction de la société est l'effet d'un acte
naturel de la force et de la construction de l'Etat est un fait
fondamentalement historique consacrant l'hégémonie légitime des castes, des
classes ou des partis les plus forts. L'expression de cette théorie se trouve
élucidée dans les principes de la philosophie du Droit de F HEGEL (1770-1831)
permettant de comprendre la logique même de l'Etat en tant qu’émanation la plus haute de l'accomplissement de l'homme
qui lui assure l'accès au bien-être, à la moralité, à la vie et au libre
épanouissement, auquel chaque membre se doit de poser sa pierre à l'idée
d'assurer sa bonne cohésion.
Ensuite, la doctrine idéaliste,
écarte toute possibilité de fonder le droit sur des faits. Toutefois, elle s'efforce de concevoir une société juste et
un Etat de droit sans passer par des sacrifices pour y parvenir. Elle soutient
cependant le fait qu’une telle société
ou Etat n'ait jamais existé. A côté de ces deux conceptions, il y a aussi
l'individualisme, considérée comme conception anarchiste et égoïste, -comme le
veut l'esclave domestique, sans état
d'âme, au sens de Max TIRNER, philosophe allemand-, voyant l’idée d'une libre
organisation d’ individus qui se donnent pour but de saper les bases de la
société civile qui les emprisonne, les aliène et d'abolir l'Etat qui accapare
leur pouvoir.
Quelle est donc la raison d’être d’une société
organisée autour d’un Etat? Quel est le sens des lois naturelles et des
lois positives dans l'organisation d'une telle société? En quoi consistent en
réalité la nature et la nécessité de cet
État? Partant du principe selon lequel les lois régissant la vie en société
sont réellement positives et émanent de l’expression de la volonté générale,
d'où sortent donc les atteintes à la sécurité de l'Etat? Quel est le rôle même
d’une société Politique ? Et pour terminer ces interrogations, Quel Etat dirige
Jovenel MOISE?
Interaction
de l'homme et société!
Une société est la plus grande forme
de communauté humaine qui partage une culture en vue de la satisfaction des
besoins. Elle peut se définir aussi comme un réseau de groupes majeurs
interconnectés, envisagés comme une unité et qui partagent une culture
identique. Il faut signaler une petite distinction entre société et communauté
dans la mesure où la première désigne un regroupement volontaire qui manifeste
le choix libre de vivre ensemble, et la seconde, tissée par le lien universel
de l'intérêt commun.
Emmanuel KANT, philosophe allemand
(1724-1804), à travers « L'idée d'une histoire universelle au point de vue
cosmopolite » explique sa position sur l'insociable sociabilité, concept
désignant l’inclination de l’individu à
intégrer une société et à y vivre convenablement. Pour cela, il faut inculquer
aux membres de cette société des règles de conduite propres. A notre sens, la politique créé la société et fait appel au droit pour la gérer. Mais quand
celui-ci faillit la politique se doit d’intervenir.
L'homme, répulsif et récalcitrant a toujours
un penchant pour la désagrégation de la
santé du corps sociétal. Voilà pourquoi, au sens d’Emmanuel
KANT : « L'homme veut la concorde, mais la nature sait mieux que
lui ce qui est bon pour son espèce ». Cependant, l'homme est un être
grégaire. Il a besoin de la société et il ne peut pas vivre sans elle. S'il est
seul, il s'embête et il se démoralise. C'est pourquoi il a besoin d'une
puissance régulatrice orientant ses actions au sein d’une société politiquement
organisée. Il s’agit de l'Etat.
Une définition classique nous amène
à considérer l'Etat comme un groupement humain vivant sur un territoire
déterminé par des frontières, dirigé par
un gouvernement. A cela on peut ajouter un dernier élément qui est la
reconnaissance internationale qui le
permet de rentrer en relation avec d’autres Etats.
Cependant, avec l’évolution du
concept « Nation » , celle-ci, à partir du principe de
l'autodétermination vint constituer la forme d'un Etat qui ne contente pas
seulement du lien moral qui existe entre ses membres, mais qui s'organise en
société politique stable eu égard aux praxéologies des principes munie de pouvoirs biens définis
dans une charte codifiée qui traduit un idéal de justice et d'utilité commune
comme le décrit John RAWLS. Par convention, l'Etat devient un appareil
juridique détenant tout monopole de contrainte. Car, tout Etat organisé a des
prérogatives fondamentales et des obligations lui permettant d garantir
certaines valeurs notamment :
a) la vie collective et indépendante
de chaque citoyen ;
b) l'intégrité de son territoire ;
c) la gestion des intérêts de toutes
sortes ;
d) l'autonomie de son régime
politique ;
e) l'unité de sa forme de le
distinguer des autres groupes.
Au sens strict, l'Etat peut
signifier également l'ensemble des puissances publiques qui revendiquent le
monopole de la contrainte légitime sur l'ensemble du territoire. Et, en ce sens il désigne une partie du corps
sociétal et son rôle est de diriger l'autre.
Max WEBER, philosophe allemand (
1864-1920), connu comme le plus grand sociologue du 20è siècle, stipule dans
« le Savant et le Politique »qu’il faut concevoir l'Etat contemporain
comme une communauté humaine qui dans les limites d'un territoire déterminé,
-la notion de territoire étant l'une de ses caractéristiques- revendique avec
succès pour son propre compte le monopole de la violence physique et
légitime ». Il consiste en un rapport de domination de l'homme sur l'homme
fondé sur le moyen de la violence légitime, c'est-à-dire sur la violence
considérée comme légitime. L'Etat ne peut donc exister qu'à la condition que
les hommes dominés se soumettent à l'autorité revendiquée chaque fois par les
dominateurs. Pour lui, l'Etat se présente toujours comme instrumental.
Au fond, l'Etat se constitue comme
la sphère suprême dans laquelle tous les intérêts sont conciliés ou comme
l'espace d'harmonisation des intérêts et une instance globale, générale, totale
et capitale de réconciliation. En ce qui concerne les droits et le pouvoir
qu'il détient vis-à-vis de la société, on peut dire que la fin et la raison
d'être du pouvoir n'est autre que le bien-être et les intérêts de la société
qu'il régit et pour lequel il existe. C'est ça qu’on retrouve à juste titre
dans « Le royaume n'est pour le roi, mais le roi pour le royaume » de
Saint Thomas D'Aquin. De plus, Aristote n'aurait-t-il raison de soutenir que
: « Le souverain qui gouverne pour lui-même et non pour le peuple
n'est plus roi, mais un tyran »?
Plus loin, Baruch SPINOZA, dans
« le traité théologico-politique » souligne une nécessité
dans la formation d’un Etat: « Que
tout pouvoir de décision appartienne soit à tous collectivement, soit à quelques-uns,
soit à un seul ». Puisqu’en effet le libre jugement des hommes est
extrêmement divers, chacun pense être le seul à tout savoir et qu'il est
impossible que tous pensent pareillement et parlent d'une seule bouche
Dans la foulée, il faut aussi
distinguer l « 'Etat de nature » de l’ « Etat
civil ». A l’Etat de nature, les rapports entre les hommes ne sont pas
réglés par la loi, mais par l'instinct naturel où chacun est seul juge de son
droit et ne peut compter que sur sa seule force pour le faire respecter et
l'imposer. Alors que dans l’Etat civil, c'est la loi qui fait autorité et qui
règle les rapports entre les hommes pendant que l'Etat n tant que puissance
publique est chargée de son exécution.
D’où, d’un point de vue formel,
l’existence de six (06) types d'Etats :
a) l'Etat-territoire défini par ses
frontières, c'est-à-dire détenant le contrôle total de toutes ses frontières
aériennes, maritimes et terrestres. Ainsi au point de vue de la géopolitique
sécuritaire, on dit que l'Etat est maître de son territoire lorsqu'il a les
moyens nécessaires pour contrôler ses espaces, mise à part la théorie de
l'extraterritorialité formulée par Hugo GROTIUS, théoricien hollandais
(1583-1643), consistant dans la prolongation du territoire d'un Etat au-delà de
ses frontières par l'établissement des Relations diplomatiques avec d'autres
Etats et les principes de la Mondialisation ;
b) l'Etat-personne pouvant agir en
justice, c'est-à-dire ayant a la capacité d'ester en justice ou possédant un
statut juridique de personne morale ;
c) l'État-nation représentant une
communauté humaine qui a une même aspiration et qui partage les mêmes intérêts
distinguant la juxtaposition d'un Etat en tant qu'organisation politique, à une
nation, c'est-à-dire des individus qui se considèrent comme liés et appartenant
à un même groupe;
d) l'Etat-patrie représentant une
communauté d'idées, c'est-à-dire une communauté politique à laquelle les
membres sont cimentés sur un même système d'idéologies ;
e) l'Etat de droit se référant à un
système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit.
Il est fondé sur le principe essentiel du respect des normes juridiques où
chacun étant soumis au même droit, que ce soit l'individu ou bien la puissance
publique ;
f) l'État-providence faisant référence
à l'intervention de l'Etat dans le domaine particulièrement économique et
social à travers un plan le développement d'un système de protection qui
garantit aux citoyens certaines prestations.
Ce qui nous pousse à aborder la
question d la souveraineté de l’Etat. Ainsi, l'Etat est le seul souverain.
Pour Spinoza : « Toute
souveraineté de l'Etat est absolue, sinon elle n'en serait pas une ; les
individus ne sauraient y soustraire leur activité sans se retrouver dans la
position d'ennemis publics, à leur risque et périls. Pourtant l'Etat, s'il veut
assurer sa stabilité, doit coïncider à ces mêmes individus leurs
opinions ». Donc, la fin de l'Etat est en réalité la débandade de ses
membres.
N'est-ce pas ce qu'on est en train
de vivre en Haïti actuellement ?
La suite de cet article dans le
prochain numéro…
Me Jean
FAUCHER,
étudiant en Sciences Politiques à l’INAGHEI
étudiant en Sciences Politiques à l’INAGHEI
Felicitations cher collegue
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