Petite
vermine
Nous venions de sortir du pays « lock ». Les élèves étaient trop
contents de reprendre les cours. Ils avaient l’espoir en la reprise normale et
une amélioration de la vie sociale et économique. Malgré les kidnappings,
l’insécurité et la vie chère certains avaient pensé à se défouler au Champ de
mars.
Cependant, tous les jours, le bruit de
tes ravages arrivait jusqu’ici. D’ailleurs, ne t’étais-tu pas déjà montré chez
le voisin ? Mais, nous croyions que tu nous épargnerais. Que nous étions
stupides !
Tu es entré furtivement dans le pays. Le
sac empli de terreur et de panique. Face à la menace que tu représentes et en
raison de notre vulnérabilité,
le confinement nous est
imposé. À l’instar de plusieurs autres pays. Pour te traquer. Mais, avons-nous
les moyens de cette politique?
Petite vermine, j’ai entendu ton rire
sarcastique. Sûrement, tu penses à notre dénuement, à l’insalubrité des rues et
aux conditions déplorables des logements et du transport en commun.
En tout cas, je respecte les gestes
barrières. Malgré moi. Je suis de ceux qui restent coincés entre quatre murs,
travaillés par l’ennui, plongés dans le désespoir, rongés par le stress. Il
m’est arrivé de refuser une poignée de mains ou une bise. Certains parents ou
amis considèrent cela comme une humiliation. Qu’il s’agisse de jeux ou de mots,
tout me ramène à la solitude. J’essaie de tuer l’ennui en apprenant à faire de
nouveaux trucs. Des cartes de visite, par exemple.
En cette période, j’ai du mal à
envisager mon existence et mon avenir dans ce monde. Tous les jours, j’entends
parler des ravages que tu fais en Europe. Je pense constamment à mon frère.
Quand je n’ai pas de ses nouvelles (parfois, je n’arrive pas à le joindre au
téléphone), j’appelle l’un de ses amis pour lui demander de le contacter.
Petite vermine, sache que la foi en Dieu
me fortifie.
Joroyme SALIEN
Étudiant finissant en
sciences comptables, INAGHEI
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