Haïti et le Rwanda : Quelles Comparaisons ?



Le cosmos où évoluent les pays est un système avec ses propres langages. Les rapports, qu’ils soient interétatiques, interpersonnels ou entre l’homme et son environnement, peuvent être soldés sous des revers inimaginables si ces derniers passent outre de ce qui a été établi préalablement par ce dit système en ce qui a trait au décodage de langage. Un revers, qu’il soit humain ou naturel, suit toujours le dérèglement de l’homme car il sera coûte que coûte la réponse à l’incapacité (incapacité de respecter ses limites et celles d’autrui, incapacité de construire des abris qui pourraient le protéger face aux intempéries...) de ce dernier de s’y accommoder convenablement.

Néanmoins, au delà des doutes et des douleurs que peuvent apporter le non respect de certaines lois naturelles, on peut tout de même en tirer de grands bénéfices, car chaque difficulté entraîne au moins une opportunité, même quand savoir l’exploiter est souvent la maladresse de plus d’un. En effet, c’est ce qui va orienter ce papier en tentant de faire un regard panoramique sur deux pays du cosmos, Haïti et le Rwanda qui, tous deux avaient vécu des catastrophes (séisme et génocide) qui ont marqué le XXème et le XXIème siècle. Quels comportements ont-ils adopté au lendemain de leur débâcle?

D’entrée de jeu, ce papier ne s’inscrira nullement dans la démarche de faire une parallèle comparativo-historique entre Haïti et le Rwanda puisque chaque pays a sa propre réalité. Cependant le fait qu’aucun pays ne saurait évoluer en autarcie donne droit même au plus commun des mortels de regarder, au moment voulu, ce qui se fait à l’autre bord des frontières. Nul n’est sans savoir que le Rwanda a connu l’un des plus grands génocides du XXième siècle. Entre perte énorme en vies humaines et dégâts matériels qu’avait laissé cette lutte ethnique entre deux groupes antagoniques rwandais (hutus et tutsis), sous leur ruine certes, les Rwandais avaient su saisir les opportunités qui s’y découlaient pour profiter non seulement de retisser la toile sociale rwandaise et surtout faire le bond tant désiré. Profitant de ce spot light mondial, le Rwanda depuis, est devenu l’un des pays en voie de développement du continent africain. Ne disposant pas de vastes plaines propices à une agriculture à grande échelle, sous la houlette de Paul Kagame, le pays au mille collines va désormais axer son développement sur la santé et l’éducation.

Les résultats sont à présent au rendez-vous. La population gagne au moins un an d’espérance de vie(68 ans en 2018 pourtant 28 ans en 1994) chaque année. Depuis 20 ans, 91 % des Rwandais bénéficient d’une assurance maladie. Le système d’éducation rwandais est l’un des plus efficaces d’Afrique : la quasi-totalité des enfants bouclent l’école primaire, près de 90 000 Rwandais étudiaient en 2017 dans un des 38 établissements d’enseignement supérieur, dont 20 universités. Solidement soutenue par l’aide internationale et les investissements publics dans de grands chantiers de (re)construction, l’économie rwandaise a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 7,5 % de 2000 à 2017 un comportement rare sur le continent, d’autant que la dette publique reste contenue à environ 40 % du PIB. Une diminution(60% à 40% de 2000 à 2014) de 33% du taux de pauvreté, fabriquant du premier téléphone intelligent d’Afrique sont entre autres quelques réalisations rwandaises après le fameux génocide.

Contrairement aux Rwandais, au lendemain du séisme de 2010 si on pouvait le constater, on s’attendait à voir des responsables qui seraient debout en dépit de tout afin de constater, évaluer et donner le ton. De préférence, chez nous, on a eu des hommes et des femmes abattus, incapables même d’orienter l’aide humanitaire des pays étrangers même plusieurs semaines après la catastrophe.

Bien que, quelques mois après la commission intérimaire de reconstruction(CIRH) incluant l’ensemble des forces vives de la nation ayitienne et de la communauté internationale a été mise sur pied avec pour mission de faire la gestion du fonds de reconstruction, jusqu’à date il n’y a même pas eu la pause de la première pierre de cette dite reconstruction. Cet extrait du long-métrage_documentaire de Raoul Peck sur la situation du pays deux ans après le séisme en fait une radiographie de cette gestion : « Les intérêts divergents des grands bailleurs internationaux, l’absence de prise en compte des ayitiens, la multitude des ONG sur place, dont une partie jugée trop importante du budget est allouée au paiement des salariés... souvent des expatriés ».

Donc, comme résultat, 10 ans après Ayiti reste, sur le plan économique, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 765 $ en 2020 et un indice de développement humain(IDH) le classant 168 sur 189 pays en 2018. Plus de 6 millions d’Ayitiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2.41 $ par jour, et plus de 2.5 millions sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté extrême, ayant moins de 1.23 $ par jour. En 2019, le pays fait face à une dépréciation monétaire rapide (près de 30%), des taux d’infltion élevés (près de 20%).

Et sur le plan sociopolitique : Crise électorale, vide institutionnel, choléra, foyer de gangs, augmentation de bidonvilles, pays lock, bref... est le lot décennal de la première république noire du monde.

Somme toute, si le Rwanda, 25 ans ½ après le génocide (1 million de morts environ) est aujourd’hui parmi les pays potentiellement émergents en Afrique d’après l’Indice Synthétique d’Émergence Économique (ISEME) soit le 25ème sur 54 pays, c’est surtout grâce au sens poussé du leadership rwandais qui avait su saisir les opportunités. Tandis que de son côté, Ayiti, 10 ans après, se cherche encore à travers ses dirigeants perdant totalement le sens de la bonne gouvernance alors que les 230000-300000 victimes de la catastrophe sont en train de mourir.

À part quelques rares satisfactions au niveau entertainement et sportif c’est une décennie à vite oublier pour le pays.


Références :
https://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview#1
https://lactualite.com/monde/rwanda-visite-au-pays-de-lespoir/
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/RWA/fr/SP.DYN.LE00.MA.IN.
html
https://lenouvelliste.com/article/84038/liste-complete-des-membres-de-lacirh
Raoul PECK, Assistance mortelle, Film_documentaire, Production Velvet
Film, 2013.

Ribenson CHARLES,
Étudiant en Gestion des Affires/ INAGHEI


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