Le cosmos où évoluent les pays est un système avec ses
propres langages. Les rapports, qu’ils soient interétatiques, interpersonnels
ou entre l’homme et son environnement, peuvent être soldés sous des revers
inimaginables si ces derniers passent outre de ce qui a été établi préalablement
par ce dit système en ce qui a trait au décodage de langage. Un revers, qu’il
soit humain ou naturel, suit toujours le dérèglement de l’homme car il sera
coûte que coûte la réponse à l’incapacité (incapacité de respecter ses limites
et celles d’autrui, incapacité de construire des abris qui pourraient le
protéger face aux intempéries...) de ce dernier de s’y accommoder
convenablement.

D’entrée de jeu, ce papier ne s’inscrira nullement dans
la démarche de faire une parallèle comparativo-historique entre Haïti et le
Rwanda puisque chaque pays a sa propre réalité. Cependant le fait qu’aucun pays
ne saurait évoluer en autarcie donne droit même au plus commun des mortels de regarder,
au moment voulu, ce qui se fait à l’autre bord des frontières. Nul n’est sans
savoir que le Rwanda a connu l’un des plus grands génocides du XXième siècle.
Entre perte énorme en vies humaines et dégâts matériels qu’avait laissé cette
lutte ethnique entre deux groupes antagoniques rwandais (hutus et tutsis), sous
leur ruine certes, les Rwandais avaient su saisir les opportunités qui s’y
découlaient pour profiter non seulement de retisser la toile sociale rwandaise et
surtout faire le bond tant désiré. Profitant de ce spot light mondial, le Rwanda
depuis, est devenu l’un des pays en voie de développement du continent africain. Ne
disposant pas de vastes plaines propices à une agriculture à grande échelle,
sous la houlette de Paul Kagame, le pays au mille collines va désormais axer
son développement sur la santé et l’éducation.
Les résultats sont à présent au rendez-vous. La
population gagne au moins un an d’espérance de vie(68 ans en 2018 pourtant 28
ans en 1994) chaque année. Depuis 20 ans, 91 % des Rwandais bénéficient d’une
assurance maladie. Le système d’éducation rwandais est l’un des plus efficaces d’Afrique :
la quasi-totalité des enfants bouclent l’école primaire, près de 90 000 Rwandais
étudiaient en 2017 dans un des 38 établissements d’enseignement supérieur, dont
20 universités. Solidement soutenue par l’aide internationale et les investissements
publics dans de grands chantiers de (re)construction, l’économie rwandaise a
enregistré un taux de croissance annuel moyen de 7,5 % de 2000 à 2017 un
comportement rare sur le continent, d’autant que la dette publique reste
contenue à environ 40 % du PIB. Une diminution(60% à 40% de 2000 à 2014) de 33%
du taux de pauvreté, fabriquant du premier téléphone intelligent d’Afrique sont
entre autres quelques réalisations rwandaises après le fameux génocide.
Contrairement aux Rwandais, au lendemain du séisme de
2010 si on pouvait le constater, on s’attendait à voir des responsables qui seraient debout en dépit
de tout afin de constater, évaluer et donner le ton. De préférence, chez nous, on a eu des
hommes et des femmes abattus, incapables même d’orienter l’aide humanitaire des
pays étrangers même plusieurs semaines après la catastrophe.
Bien que, quelques mois après la commission intérimaire
de reconstruction(CIRH) incluant l’ensemble des forces vives de la nation
ayitienne et de la communauté internationale a été mise sur pied avec pour
mission de faire la gestion du fonds de reconstruction, jusqu’à date il n’y a
même pas eu la pause de la première pierre de cette dite reconstruction. Cet
extrait du long-métrage_documentaire de Raoul Peck sur la situation du pays
deux ans après le séisme en fait une radiographie de cette gestion : « Les
intérêts divergents des grands bailleurs internationaux, l’absence de prise en
compte des ayitiens, la multitude des ONG sur place, dont une partie jugée trop
importante du budget est allouée au paiement des salariés... souvent des
expatriés ».
Donc, comme résultat, 10 ans après Ayiti reste, sur le plan
économique, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec un produit
intérieur brut (PIB) par habitant de 765 $ en 2020 et un indice de
développement humain(IDH) le classant 168 sur 189 pays en 2018. Plus de 6
millions d’Ayitiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2.41 $
par jour, et plus de 2.5 millions sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté
extrême, ayant moins de 1.23 $ par jour. En 2019, le pays fait face à une
dépréciation monétaire rapide (près de 30%), des taux d’infltion élevés (près
de 20%).
Et sur le plan sociopolitique : Crise électorale, vide institutionnel,
choléra, foyer de gangs, augmentation de bidonvilles, pays lock, bref... est le
lot décennal de la première république noire du monde.
Somme toute, si le Rwanda, 25 ans ½ après le génocide (1
million de morts environ) est aujourd’hui parmi les pays potentiellement
émergents en Afrique d’après l’Indice Synthétique d’Émergence Économique
(ISEME) soit le 25ème sur 54 pays, c’est surtout grâce au sens poussé du
leadership rwandais qui avait su saisir les opportunités. Tandis que de son
côté, Ayiti, 10 ans après, se cherche encore à travers ses dirigeants perdant
totalement le sens de la bonne gouvernance alors que les 230000-300000 victimes
de la catastrophe sont en train de mourir.
À part quelques rares satisfactions au niveau entertainement
et sportif c’est une décennie à vite oublier pour le pays.
Références :
https://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview#1
https://lactualite.com/monde/rwanda-visite-au-pays-de-lespoir/
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/RWA/fr/SP.DYN.LE00.MA.IN.
html
https://lenouvelliste.com/article/84038/liste-complete-des-membres-de-lacirh
Raoul PECK, Assistance mortelle, Film_documentaire,
Production Velvet
Film, 2013.
Ribenson CHARLES,
Étudiant en Gestion des Affires/ INAGHEI
Bel article
RépondreSupprimerMerci
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